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 Avant que l'ombre.

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Brascir

Brascir


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MessageSujet: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitimeVen 19 Oct - 0:06

Enfants. Nous n´étions que des enfants
(le crois-tu encore ?)
lorsque ça a commencé. Plus le temps passe, plus j´oublie. Les dernières traces de cette horreur semblent s´estomper, peu à peu, c´est pourquoi je dois tout retranscrire, le plus rapidement possible.
Sen´Jin, 11 ans à peine, il faisait beau. Le soleil réchauffait les toits de chaume et les ombres commençaient à croître sur le sol de terre rouge. Belle fin d´après-midi. Ma soeur jouait à l´extérieur tandis que je terminais la fabrication de son
(dernier)
nouveau cerf-volant.

______________________________

"Apporte moi du mucus de clampant s´il te plait, Kay, il doit y en avoir en bas, dans la cave." s´exclama Brascir.
Surprise, Kay lâcha le bâton avec lequel elle jouait. C´était une mignonne petite trolle, deux ans de moins que son frère, peau bleue, pas encore de défenses mais des yeux remplis d´émerveillement et de joie. Elle aimait beaucoup son grand frère, d´une part parce qu´il lui fabriquait de nombreux jouets mais aussi car c´était lui qui jouait le rôle du père auprès d´elle. Et il la protégeait.
Cependant elle détestait la cave; comme tous les enfants de son âge, supposait-elle. Peur du monstre tapi dans l´ombre, derrière les étagères ou sous une vieille chaise. Peur du noir et de ce qu´il contient, peur de l´inconnu qui laisse libre champ à son imagination d´enfant.
"Alors, tu le veux ton cerf-volant ?"
La voix de son frère l´arracha subitement à ses pensées. "Oui oui, j´arrive tout de suite."
Elle ne pouvait se résoudre à le laisser deviner sa crainte. Et qu´y avait-il de toute manière dans cette cave mis à part les baumes et cataplasmes dont sa mère se servait ? Probablement rien.
Pourtant, debout devant la trappe, Kay ne put s´empêcher de frissonner. Aspirant une interminable goulée d´air frais, elle attrapa la poignée et souleva le lourd pan de bois, qu´elle laissa retomber de l´autre côté. Elle émit un petit gloussement nerveux lorsque le bruit mat du bois contre la terre battue la fit sursauter. Elle posa le pied sur la première marche, des relents de
(mort)
pourriture et d´humidité lui assaillant les narines. Elle descendit encore une marche et son pied disparut dans le noir, comme happé soudainement par les profondeurs ténébreuses de la cave. C´en était trop. L´horreur se terrant dans la cave n´allait pas tarder à glisser des doigts visqueux et crochus entre les marches en bois et lui saisir les chevilles pour l´emporter dans le noir, monstrueux et infini à ses yeux d´enfants. Elle sentait le peu de volonté et de courage encore en elle disparaître, lorsque la voix de Brascir retentit, impatiente et moqueuse.
"Alors trouillarde, tu attends la neige ? Dépêche-toi un peu ou bien je dis à Maman que tu as toujours peur du noir !"
Kay reçut cette remarque en pleine figure, coup de fouet mental, sanglant son esprit. Idiote ! Des choses velues et griffues; bavant du venin, ça n´existait pas dans sa cave. Ou bien ? Ah-ah tu prends racine Kay ? Kay qu´à la frousse du noir ! Quel bébé ! Et maintenant ? Allait-elle retourner dire à son frère qu´elle avait peur d´être confrontée à quelque chose dans l´escalier ? Qu´une main putréfiée allait ramper le long des marches pour lui saisir les chevilles ? D´autres riraient, mais pas Brascir. Il serait furieux. Il dirait : "Grandis un peu Kay ! Veux-tu ce cerf-volant oui ou non ?"
Prenant son courage à deux mains, elle dévala les cinq marches qui la mettaient à portée de l´étagère et commença à fouiller précipitamment les pots qui l´encombraient. Elle poussa un soupir de soulagement lorsque ses yeux, terrorisés, se posèrent sur un pot rempli d´une pâte verdâtre. Le mucus. Elle se rua littéralement dessus et repartit en sens inverse à une vitesse qu´elle n´aurait jamais imaginé atteindre, suant la peur, l´estomac retourné par l´affreux mélange d´odeurs de poussière et de pourriture.
Elle claqua la trappe avec une telle violence que sa mère s´écria : "Tu devrais la fermer un peu plus fort une autre fois, Kay. Peut-être arriveras-tu à casser quelque chose, si tu essayes vraiment.
- Je m´excuse M´man.
- Espèce de tarée !" C´était Brascir, parlant à voix basse pour que leur mère n´entende pas.
Kay émit un petit reniflement. La peur s´était évanouie.
Elle apporta le bocal de mucus à son frère qui finit de coller le tissu coloré à l´armature en bois du cerf-volant.
Quelques minutes plus tard, le tout était sec et Brascir tendit le fameux appareil à sa soeur : "Tiens, va l´essayer !
- Tu ne viens pas grand frère ?
- Je suis malade, tu le sais bien.
- Je regrette que tu ne viennes pas." Kay était sincère. Sa joie, légèrement dissipée. Elle aimait beaucoup jouer avec son frère. Une dernière fois.
"Ouais, ouais. Ça va. Va-y, mais fais attention Kay.
- Merci Brascir, c´est un cerf-volant super !" Puis elle fit quelque chose qu´elle n´avait pas fait depuis longtemps et que Brascir ne devait jamais oublier : elle se pencha sur lui et l´embrassa avant de se précipiter au dehors.
"Kay ?"
Kay se retourna pour regarder son frère.
"Fais attention.
- Bien sûr." Étonnée, étrange sentiment. C´était quelque chose que disait Maman, pas son grand frère.
"Bien sûr, je ferais attention."
Elle sortit, Brascir ne devait plus jamais la revoir.
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Brascir

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MessageSujet: Re: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitimeVen 19 Oct - 0:09

Kay court derrière son cerf-volant, aggripée à la ficelle comme si sa vie en dépendait. Elle rit aux éclats.
Le vent, bien qu'un peu violent, permet au jouet de s'envoler haut dans le ciel et Kay voit le cerf-volant tourbilloner dans la pâleur rose-orangée de cette fin d'après-midi.
Son nouveau jouet se déplace au grès des vents, tantôt plongeant vers le sol à toute vitesse, l'instant d'après remontant paresseusement vers le ciel après avoir effectué quelques figures acrobatiques. Kay s'accroche à la fine corde tout en imaginant l'élement qui donne vie à l'objet de bois et de tissu. Force invisible capable de déchainer les océans, mais bienvenue lors des grandes chaleurs qui étouffent Durotar.
Kay suit toujours son cerf-volant, qui maintenant l'emmène à travers les basses collines rouges et arides de Durotar, se laissant entraîner par les mouvements lancinants de la ficelle et observant le paysage qui défile à toute allure sous ses yeux. Si elle avait fait un peu plus attention, ou si la fatigue ne l'avait pas gagnée, peut-être aurait-elle vu son cerf-volant se rapprocher dangereusement d'un arbre, peut-être aurait-elle pû obliquer, donner un coup de poignet à la ficelle pour faire changer son jouet de direction, peut-être serait-elle alors toujours en vie.
Kay entendit un bruit, craquement et bruissement de feuilles, et la ficelle entre ses mains devînt lâche. Elle leva les yeux. Son cerf-volant, ce si beau cerf-volant, était allé se perdre dans un arbre.
"Oh non, non ! Brascir ne va pas être content !" pensa-t-elle. L'arbre n'était pas bien haut, mais assez touffu pour ne laisser apparaître que la partie supérieure du cerf-volant. Des branches assez épaisses courraient le long du large tronc et menaient jusque dans la cime, à l'abris des petites, mais néanmoins nombreuses, feuilles vertes. Kay se devait de récupérer le cerf-volant. Elle ne pouvait tout simplement pas se résoudre à rentrer chez elle et annoncer à son frère qu'elle avait perdu le si précieux objet à cause de son inattention. Non, elle pouvait très bien aller le chercher. L'arbre n'était pas si grand finalement, et elle pouvait grimper facilement grâce aux branches, et ce malgrès sa fatigue. Kay s'approcha de l'arbre, les yeux levés sur l'épais feuillage. Elle tenait toujours la petit bout de ficelle qui la liait à
(la mort)
son cerf-volant.
Un son, qu'elle prit tout d'abord pour un rire d'enfant, lui parvint de la partie supérieure de l'arbre. Fronçant les sourcils, elle appela. "Euh, y a quelqu'un la haut ?". Autres rires, d'enfants, elle en était sûre. Parfait, si d'autres jeunes jouaient la haut, ils pourraient peut-être l'aider à récupérer son cerf-volant. Confiante, elle commença l'ascension, posant précautionneusement ses pieds sur les branches noueuses de l'arbre, callant ses mains dans l'écorce sèche et rugueuse. Elle atteignait les premières branches feuillues lorsqu'elle vit une petite silhouette sur une branche un peu plus élevée. L'ombre masquait son visage, mais Kay pouvait apercevoir le reste de son corps, tout à fait banal à première vue si on lui avait posé la question. Il, ou elle, était habillé d'une tunique claire, brodée de fils argentés. Et ça portait des gants blancs. D'un blanc immaculé. Encore un gosse de riche qui joue à cache-cache dans les arbres.
"Euh, bonsoir !" Kay dût faire un effort sur elle même pour empêcher sa voix de trembler. Que venait faire un enfant, habillé dans une tenue aussi étrange, dans un arbre à cette heure-ci ? Et si c'était... Non, ce n'était qu'un enfant.
"Bonsoir Kay." Sa voix, oh mon dieu sa voix. Enchanteresse, enfantine, joyeuse, transpirant la gentillesse et la bonne humeur. Comment avait-elle pû même penser qu'il était bizarre. Soit ses habits étaient bien étranges, mais après tout pourquoi pas.
"Tu veux venir jouer avec nous Kay ? J'ai de beaux ballons, regarde ils flottent." Irrésistiblement son regard fût attiré sur les ballons qui flottaient, oui flottaient, derrière lui. Une multitude de petits ballons colorés, comme suspendus en l'air par des milliers de fils invisibles. Comment connaissait-il son nom ? Aucune idée... Mais était-ce vraiment important ? Ces ballons...
"Tu en veux un Kay ? Je t'en offre un, quelle couleur ? Regarde, ils flottent !
- Mmh et bien, vous savez, ma Maman m'a toujours répété de ne rien accepter d'un inconnu, vous comprenez ? Je viens juste récuperer mon cerf-volant.
- Ta Maman a raison, je vais me présenter. Je m'appelle Medivh, et je veux jouer avec toi. Et toi tu t'appelles Kay. Nous ne sommes plus des inconnus, ou bien ? Tu veux un ballon ?"
Un sentiment étrange naquit en Kay. Mélange d'appréhension et de pur extase. Ces ballons qui flottent, ils étaient vraiment magnifiques. Mais elle n'avait pas vu le visage de ce Medivh, non. Elle s'approcha donc de cet étrange personnage pour saisir le ballon qu'il lui tendait. Il releva sa capuche. Kay ouvrit la bouche. Lentement, comme dans un
(cauchemar)
rève, elle voulut hurler. Aucun son ne sortit. Le choc. Son visage était celui d'un enfant banal, si ce n'est qu'à la place de sa machoire inférieure, eh bien... Il n'y avait rien qu'une langue pendante, d'un noir d'encre. Des yeux d'un gris scintillant fixaient Kay. Ce semblant de visage se pencha sur elle et Kay vit en ce Medivh le monstre de sa cave, celui qu'elle craignait depuis toute petite. Le visage d'enfant mutilé s'était transformé. Le monstre de la cave était en face d'elle, comme elle se l'imaginait. Les rires s'étaient transformés en cris appeurés. Il n'y avait pas d'autres enfants ici.
"Viens jouer avec nous Kay, regarde comme les ballons flottent. Rejoins-nous, nous flottons tous ici."
Une main (en était-ce une ?) décomposée se tendit vers elle et Kay tressaillit quand des doigts décharnés et grouillant de vers se posèrent sur son épaule droite.
"Tu vois comme les ballons flottent ? Viens flotter avec nous."
C'en était trop. Les muscles de sa gorge se relachèrent. Elle hurla, comme elle n'avait jamais hurlé. Un cri perçant, horrible, un cri de mort.

* * *


Le chevaucheur de loup, Loy, qui patrouillait à cette heure-ci sur la route entre Sen'Jin et Tranchecolline, entendit un cri. Il s'approcha de la source du hurlement, c'était une enfant, et se retrouva planté au pied d'un arbre. Il leva les yeux. Ce fût la dernière personne à voir la petite Kay, 9 ans, vivante. Ce qu'il distingua lui remua l'estomac au point qu'il faillit vomir. La petite Kay était maintenue en l'air par une araignée immense, noire, une de ses pattes tenant Kay à hauteur de sa gueule béante, bavant un liquide noirâtre. Et le cri, la petite criait toujours et Loy ne pouvait pas bouger, cloué au sol par sa propre terreur. L'araignée s'approcha encore un peu plus de la petite fille, tétanisée. Silence. Plus de cris. Un bruit, écoeurant, d'os qui se fracassent, un gargouillis étranglé, summum de l'horreur. Kay tomba. Loy tendit les bras et rattrapa la petite dans ses bras. Légère. Un liquide visqueux et chaud s'écoula dans sa main. Son bras droit... Il n'y avait plus rien qu'un mélange d'os brisés, de tendons et de tissus déchiquetés, et ce sang... Tout ce sang... Cette chose lui avait sectionné le bras. Horrifié, Loy souleva les mèches de cheveux qui pendaient sur le visage de la petite. Ses yeux étaient grands ouverts, de l'aspect vitreux de la mort, son visage figé dans un rictus de terreur absolue. Elle était morte de peur, cela vallait surement mieux.
Reprenant peu à peu conscience du monde qui l'entourait, Loy releva la tête. Il ne voyait pas les ballons. Son regard croisa celui de l'araignée et quand on l'interrogea plus tard pour qu'il raconte ce qu'il avait vu, il expliquera qu'à ce moment, quand les yeux du monstre rencontrèrent les siens, il crût entendre la voix de sa mère dans sa tête qui lui disait : "Loy, arrête donc
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Brascir

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MessageSujet: Re: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitimeVen 19 Oct - 0:13

ces bêtises, tu n'es plus un bébé bon sang ! Les araignées ne mangent pas les orcs, tu le sais bien !"
Elle avait l'air furieuse. Loy avait 12 ans et venait de casser une assiette en essayant d'écraser une araignée. Il détestait les araignées.Il en avait une peur bleue et cette phobie avait débuté quelques mois après sa naissance.
A cette époque il n'en avait évidemment pas conscience, mais cette mésaventure, certes pas banale, alimenterait ses mauvais rèves et ses peurs tout au long de sa vie.
C'était un matin. Il était endormi dans son berceau tandis que sa mère accrochait le linge à l'extérieur et que son père patrouillait, comme lui le ferait plus tard, le long de la route de Durotar. C'était une journée ensoleillée comme presque toutes les journées dans cette région aride. Sa mère avait placé le berceau à l'ombre d'un grand arbre touffu, bien qu'en cette heure matinale la chaleur ne soit pas encore étouffante, et étendait des vêtements non loin, sur un fil suspendu à la maison de pierre. Loy somnolait paisiblement. Sa bouche grande ouverte laissait s'échappait de petits gazouillements de contentement. Le claquement des draps soumis au vent le réveillait de temps en temps, mais il se rendormait bien vite. A part cette fois ci. Quand le bruit du linge le réveilla, il se trouva nez à nez avec une araignée noire et velue, immense à ses yeux de bébé. Elle devait être descendue le long de son fil, ayant probablement tissé sa toile dans une branche basse de l'arbre, et curieuse de découvrir quel était cet être tout vert qui gigotait et faisait un bruit du tonerre. Le fait est que Loy cria, ou pleura, et que l'araignée atterit directement dans sa bouche. Evidemment elle était minuscule, elle n'aurait donc pas pû l'étouffer et une morsure n'aurait certes pas été mortelle, mais imaginez vous à sa place, une chose velue, avec plus d'une demi-douzaine de pattes, atterrissant directement dans votre petite bouche de bébé. La mère de Loy, alertée par les cris de son tout petit, arriva rapidement à ses côtés, mais elle ne pût évidemment rien constater, à part peut-être un caprice. L'immonde petite bête devait déjà se faire digérer.


* * *


Le bras manquant de la petite Kay ne fût jamais retrouvé. L'araignée qu'avait vu Loy fût considérée comme une hallucination due au choc de la découverte du cadavre. Aucun indice, beaucoup de sang, mais pas d'indice. Aucun liquide gluant. Rien. Le meurtre devint un accident dramatique. Le bras ? Emporté par quelque oiseau charognard de passage. Affaire tragique, classée sans suite. Merci d'être passé.
Kay ne fût que la première victime d'une longue série de meurtres d'enfants, bien que certains corps ne furent pas retrouvés. Les seuls témoins, rarement nombreux, étaient le plus souvent pris pour des fous, un peu comme Loy. Beaucoup d'enfants disparurent pendant les mois qui suivirent la mort de la petite Kay. Beaucoup trop pour que cela ne soit qu'une coincidence. Et pourtant le monde semblait fermer les yeux sur ces horreurs. Un des pouvoirs de la chose peut-être. Un pouvoir parmi d'autres. La mort est affamée. Merci d'être passé.
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MessageSujet: Re: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitimeVen 19 Oct - 0:18

"Ah-ah rattrape-nous pour voir Kash !
- Han ! Attendez-moi les mecs soyez sympa !" Nerthulva et Skurd courraient sur la grande route de Durotar, jetant par moment des coups d'oeil en arrière pour voir si Kash n'était pas trop loin derrière eux.
Comme tous les soirs après leurs cours à l'orphelinat d'Orgrimmar, les trois amis allaient se détendre un peu en cassant les oeufs de harpies, dans les canyons de Durotar. Kash n'aimait pas beaucoup cela, mais il avait déjà une réputation désagréable de poule mouillée et ne voulait pas qu'elle se transforme en trouillard invetéré. Il les suivait donc tous les soirs, malgrès sa frousse qu'une harpie ne les surprenne et ne les mette en lambeaux.
"Allez poule mouillée dépèche toi tu vas rater le meilleur !"
Kash accélera. Casser des oeufs avec ses amis était une chose. Les casser seul en était une autre qu'il ne tenait pas à expérimenter. La petite grotte qui menait au canyon était d'une fraicheur apaisante comparée à la chaleur étouffante des collines de Durotar et les trois petits orcs s'arrêterent un moment pour reprendre leur souffle et établir un plan de bataille. La plupart des harpies partent en chasse en début de soirée, et ceci pour une durée d'environ une heure, ce qui leur laisserait largement le temps de briser quelques dizaines d'oeufs. Bien sûr certaines créatures montaient un semblant de garde mais les trois compères parvenaient généralement à les faire fuir grâce à un tir nourri de cailloux et autres bouts de bois. Bien sur cela n'évitait pas quelques écorchures ou griffures, mais les harpies menaçaient trop souvent les convois de marchandises de Durotar et si elles proliféraient, le simple pillage pourrait laisser place à des attaques sur les orcs et trolls de la région. Les trois amis prenaient donc ce jeu, cette mission, très au sérieux.
Comme chaque soir, le plan fut baptisé Opération Omelette de Moineau (OOM). Kash, Nerthulva et Skurd remplirent leurs poches de projectiles avant de quitter la fraîcheur protectrice de la grotte pour pénétrer dans le canyon des harpies. L'odeur familière de poussière et d'excrements leur assaillit les narines. Il y avait des plumes partout sur le sol, comme s'il quelqu'un était déjà passé se battre avec les harpies quelques heures auparavant. Intrigués mais pas désarconnés, les trois orcs continuèrent à s'enfoncer plus profondèmment dans le canyon. Pas de gardes pour le moment, étrange... Et si les harpies étaient parties ? Après tout à force de voir leurs couvées détruites peut-être avaient-elles décidé de quitter ce canyon.

* * *


La harpie observait les trois jeunes orcs du haut du canyon. C'était une guerrière, ses plumes rouges en attestaient. Elle avait déjà eu à faire avec ces trois la, qui l'avait chassée, et même blessée gravement. Ils l'avaient vu arriver ce jour la et avaient commencé à la bombarder de petits cailloux. La première volée ne l'avait qu'effleurée, lui causant quelques coupures superficielles, mais la seconde avait été beaucoup plus proche de la tuer. Un caillou gros comme un oeuf de scorpide l'avait atteint à l'oeil et un autre lui avait littéralement troué une aile et elle avait dû battre en retraite. Heureusement pour elle ils étaient trop occupés à fêter leur maigre victoire pour la poursuivre et elle avait pû se réfugier sans plus de dommages dans un de ces nids suspendu. Ce jour la elle avait perdu un oeil, et une colère sourde et violente flamboyait dans son oeil valide.
Aujourd'hui ils ne l'avaient pas aperçu. Elle allait leur faire payer. Pour son oeil, et pour tous les oeufs détruits. Elle s'éleva lentement, d'un battement d'aile douloureux. Elle plongea vers eux, un hurlement strident s'éleva du canyon, et tourbillonna dans un bruissement de plumes, annonciateur de souffrances. Oui, elle allait les faire souffrir comme elle avait souffert.

* * *

Shhhhhhhh. Les trois orcs levèrent la tête. Une harpie aux plumes rouges fonçait sur eux à toute vitesse, bec et serres mortelles en avant, un rictus diabolique sur sa face de volatile.
D'un même mouvement ils se jetèrent au sol. La harpie abbatit ses serres sur le dos de Kash, lui arrachant sa tunique et laissant trois sillons peu profonds dans son dos. La bourrasque entraînée par les battements d'aile de la harpie fût pire à supporter que les élancements de douleur du dos de Kash. Une odeur étouffante de plumes moisies et d'excrèments. La poussière soulevée par le brusque vent. Ils suffoquaient, et ils devaient se relever au plus vite avant que la harpie ne redescende sur eux et ne les ceuille comme des pommes de cactus bien mûres. Ils roulèrent chacun d'un côté, tentant tant bien que mal de se relever au milieu de toute cette poussière. Shhhhhhhh. Elle revenait. Aveuglés par les nuages de poussières, les projectiles qu'ils lançaient ne touchèrent pas la harpie, qui était tout aussi gênée pour les attraper. L'atmosphère s'éclaircissait peu à peu, si bien que les blessures commençaient à apparaître dans les deux camps. Des coups de serres traçaient des voies dans les vêtements et la peau des orcs, lesquels jetaient des cailloux qui percutaient douloureusement les membres de la harpie. L'affrontement semblait s'éterniser mais la harpie rouge saisit Nerthulva dans l'une de ses puissantes serres et le souleva du sol. Le pauvre orc se débattait follement mais l'étreinte de l'oiseau était bien trop ferme. Elle allait le dévorer. Allez les mecs dégommez cette saloperie on a assez joué. Les jets de cailloux devinrent moins soutenus, mais beaucoup plus ciblés, par peur de toucher leur ami. Les projectiles étaient aussi plus gros et Kash les envoyait avec son lance-pierre, artisanal mais néanmoins très précis et puissant. Il atteignit la harpie à la tête, laquelle fût sonnée, ou tout du moins surprise, et lâcha sa prise sur Nerthulva qui s'étalla quelques mètres plus bas. Heureusement avec l'orc qui la tirait vers le bas, elle n'avait pas eu le temps de s'envoler bien haut. Le bombardement qui s'en suivit fût mémorable. Les trois orcs scandaient des cris guerriers et barbares tout en continuant le pillonnage. La harpie, bien qu'à moité assomée tenta une nouvelle fois de prendre la fuite. Mais cette fois les enfants ne lui en laissèrent pas l'occasion. Après quelques minutes d'une résistance acharnée, la harpie s'effondra au sol, avec un bruit mat et une envolée de plumes rouges sanguinolantes.
Les trois amis épuisés et meurtris - ils étaient couverts d'écorchures plus ou moins profondes et Nerthulva semblait prêt à tomber dans les pommes, ou à rendre son déjeuner, ou les deux - s'écroulèrent, ventre à l'air, aspirant de longues bouffées d'air. L'odeur ne les dérangeait plus maintenant. Ils restèrent quelques instants allongés, à reprendre leur souffle, puis Skurd se remit debout.
"Il nous reste du travail, les héros, on doit encore détruire les oeufs vous avez oublié ?"
Kash et Nerthulva se relevèrent en silence et ils se dirigèrent vers le fond du canyon. Si un autre garde s'était trouvé là ils auraient très certainement pris la fuite, mais il ne semblait plus y avoir personne, pour le moment, dans le canyon mis à part eux trois. Cependant les autres n'allaient pas tarder à revenir de la chasse et ils ne tenaient pas à rester pour bavarder. Les oeufs se trouvaient là. Pas beaucoup aujourd'hui, et tant mieux, ils étaient extenués. Un oeuf, plus gros que les autres, attira leur attention. Il remuait, quelque chose vivait la dedans. Effrayés, ils se rapprochèrent tout de même. Ils se regardèrent. Sourire. Et des coups de pieds commencèrent à pleuvoir sur la fragile coquille qui ne mit pas longtemps à ceder. La fine membrane explosa et des milliers - des milliers dans un seul oeuf - de ballons multicolores s'élevèrent dans le ciel. Sur la plupart étaient écrits ces mots à l'encre
(de sang)
rouge sombre : Nous flottons tous ici !
Emerveillés, les trois petits orcs regardèrent les ballons s'envoler, avant de baisser les yeux vers la coquille brisée. L'émerveillement ceda la place à l'horreur quand ils virent le cadavre d'un petit orc, le petit Regh, disparu deux semaines auparavant, démembré, le visage décoré d'un abominable sourire et les yeux revulsés par la terreur. Du sang s'écoulait entre leurs sandales, sur leur pieds. Liquide maintenant presque noir. Kash vomit, plusieurs fois. Affreux mélange. Ils reculèrent en courrant, sortirent du canyon et ne s'arrêtèrent qu'à bonne distance de celui-ci. Ils retounèrent à l'orphelinat d'Orgrimmar couverts de sangs et effrayés mais à part les écorchures, la gouvernante ne vit pas le sang sur leurs chaussures et leurs pieds. Seuls les autres enfants semblaient le voir, et s'écartaient de leur chemin.
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MessageSujet: Re: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitimeVen 19 Oct - 0:20

N'importe quel adulte serait devenu fou en vivant cette expèrience, mais l'imagination et l'insouciance des enfants les protège. En effet, enfants, nous n'avons pas encore les notions de réel ou d'irréel et c'est pour cela que les situations les plus étranges ou effrayantes, une fois passées semblent au final aller dans l'ordre des choses. En grandissant la faculté d'imagination s'amenuise pour quasimment disparaître et des expèriences iréelles deviennent fatales à l'adulte, qui ne peut se raccrocher à une réalité, aux faits concrets qui jalonnent sa vie d'adulte, et perd ainsi la maîtrise de soi. S'il survit à ce genre de phénomènes, s'il ne meurt pas sous le choc de voir toutes ses certitudes s'effondrer, alors généralement il devient fou petit à petit, le souvenir qu'il lui reste de l'expèrience le dévore, le détruisant. L'esprit des enfants n'a pas ce problème de réalité, et c'est pourquoi les fantômes leur feront peur mais ne les tueront pas (du moins pas rien qu'en apparaissant). Vous saisissez l'idée ?
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MessageSujet: Re: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitimeVen 19 Oct - 0:31

Mulgore, ses vertes prairies, son soleil éclatant. Ses Taurens. Muri était né ici, et comptait bien mourir ici aussi. A peine 12 ans et déjà un fol amour pour les douces collines herbeuses qui l'avaient vu naître.
Bien sûr depuis quelques temps il y avait du grabuge en Mulgore, les nains avaient établi un petit camp, à flanc de montagne, pour exploiter les richesses des sols et des grottes de la région. S'ils ne se contentaient que de cela, il n'y aurait pas de problème, du moins rien de bien grave, malheureusement les nains descendaient parfois dans la vallée pour piller les petits villages, violant les femmes, tuant leurs maris, emportant leurs enfants. Un couvre-feu fût établi dans tout Mulgore par Cairne.
Muri jouait tranquillement près du puit Sabot-de-pierre (Stonehoof pour les vieux d'la vieille). Sa famille était modeste et il n'avait pas beaucoup d'amis à cette époque. Sauf Rezaal. Son voisin et ami depuis leur plus tendre enfance. Le puit était désert et ils courraient sur le petit muret de pierre, c'était leur jeu. Un moment d'inattention, une perte d'équilibre, c'était la douche froide et les moqueries de son camarade. Le puit en lui-même n'était pas bien profond, on pouvait aisément en sortir seul, mais l'eau était vraiment fraiche, même pour un Tauren.
Ils gambadaient donc joyeusement sur les pierres grises, se lançant diverses boutades destinées à désequilibrer l'adversaire, ou tout du moins à rire un bon coup.
"Alors Rezaal, t'as peur ? T'avances plus lentement qu'un nain plein d'bière ! (stop afk pandamovies et go pve naab)
- D'où ch'ui un nain ? T'as pas vu ta face d'elfe ?
- Pardon je retire, t'es pas un nain... T'es un gnome ! Ah-ah !"
Muri était tellement absorbé par ces plaisanteries qu'il n'aperçut qu'au dernier moment l'espèce de branche de bois blanc sur le muret. Il marcha dessus, trébucha, et se retrouva le nez dans l'eau.
"Maieuh !
- Ah-ah c'est qui le nain maintenant ? T'es plus bête qu'un paladin épileptique lobotomisé ! Vlan !"
La tête de son ami dépassait du rebord du puit. D'où il était, Muri ne pût rien voir d'autre que le visage de Rezaal, tâche sombre se découpant sur le ciel bleu. Par contre il entendit.
"Huhu les gars, regardez moi ça, un p'tit Tauren tout seul. Dis donc p'tit gars, t'aurais pas envie d'te faire un peu d'argent en travaillant pour nous ? Si t'es sage t'auras p'tet même un peu d'bière j'te l'dis mon gars, et c'est pas d'la pisse de vache ! Ah-ah !"
Des nains. Rezaal. Enfoirés laissez-le tranquille. Mais une voix dans sa tête lui intimait de se taire.
"Euh disons que... J'ai déjà pas mal de travail au village vous savez et... euh... et bien je ne suis pas encore en âge de boire de la bière, aussi bonne soit-elle."
Silence. Les nains éclatèrent d'un rire mauvais.
"En fait t'as pas tout bien compris gamin, t'as pas le choix, on t'emmène. Si t'es pas content c'est pareil. Oh on peut aller d'mander à tes parents leur permission si tu veux mais ça sera pas joli à voir, t'es p'tet pas en âge de voir ça non plus. Huhu !"
Un bruit, sourd. Froissement de tissu. Ils l'avaient emmenés. Muri voulait crier, mais ses muscles étaient tellement contractés par la peur - ou la fureur - qu'aucun son de s'échappa de sa bouche. Il s'effondra et resta quelques minutes assis dans l'eau glacée avant d'escalader la parroi humide du puit. Les nains étaient repartis vers leur montagne, traînant son ami comme un vulgaire sac. Il devait l'aider mais se jeter à corps perdu à leur suite ne servirait strictement à rien. Il devait attendre le soir, les nains devaient dormir, comme tout le monde. Comment un jeune Tauren pouvait défier une horde de nains ? A cela il n'avait aucune réponse mais son ami, son seul ami, était retenu prisonnier, sûrement traité comme du bétail si ce n'est pire. Non, il ne pouvait pas le laisser là-bas.
"Tiens le coup Rezaal."

* * *


Des nains dansaient comme des forcenés autour d'un feu de camp immense. Tellement grand que les immondes créatures des montagnes parraissaient encore plus petites qu'à l'accoutumée. Rezaal les observait entre les barreaux de la cage. Il avait le corps entièrement meurtri d'avoir été traîné au sol sur les sentiers rocailleux qui menaient à la
(tombe)
carrière des nains et ses muscles étaient engourdis par le travail éreintant qu'il avait dû y effectuer. Bien sûr il n'avait pas été payé, et il ne s'attendait pas à l'être plus que par quelques coups de pieds et une chope lancée au visage. En se retournant il se rendit alors compte qu'il n'avait pas vraiment de quoi se plaindre. Une dizaine d'autres enfants, Taurens pour la plupart, étaient entassés dans la cage. L'un avait le muffle en sang, l'autre semblait avoir un bras cassé, d'autres retiraient des éclats de verre ou de roche de leur corps. Non il n'était pas à plaindre. Une tappe sur l'épaule. Il tourne lentement la tête, la peur au ventre.
"Salut !" Je m'appelle Maniac, t'es nouveau toi non ?"
Soulagé, il se retourna complêtement pour faire face à ce Maniac. C'était un Tauren un peu plus jeune que Rezaal, et pourtant il avait l'air plus costaud que lui bien que maigre et épuisé.
"Moi c'est Rezaal, c'est quoi ici ? J'ai peur.
- C'est la carrière des nains. Ici qu'ils emmènent les enfants capturés et qu'ils les font travailler. Presque trois semaines que je suis ici."
Voila pourquoi il avait l'air si fort, trois semaines à trimer dans cet endroit et à être nourri comme un bébé. Cela justifiait son apparence.
"Mais qu'est-ce qu'il se passe ici au juste ?
- LA FERME LES MÔMES !"
Une bouteille vint se fracasser contre les barreaux, des brisures de verre écorchèrent quelques enfants dans la cage, lesquels poussèrent de faibles gémissements de douleur et de peur.
Maniac baissa la voix, la réduisant peu à peu à un léger murmure.
"Ces gros plein de soupe cherchent quelque chose ici apparement, enfin ils nous font chercher à leur place. Je ne sais pas quoi mais ça à l'air important. Peut-être du minerai rare, ou peut-être pas. En tout les cas ça à l'air vraiment crucial à leurs yeux. Mais ils ne le trouvent pas et c'est pour cela que les rapts continuent. Ils vont finir par nous faire retourner tout Mulgore et massacrer tous les Taurens si leurs recherches n'aboutissent pas ici..."
Le camp semblait peu à peu s'endormir, les rires et les cris diminuaient en nombre et en intensité. Les nains s'effondraient au sol, leur ventre se soulevant au rythme de leurs ronflements assourdissants. Quelques minutes plus tard tout était calme et on entendait plus que les sons de la nuit.
"N'y a-t-il pas un moyen de s'enfuir ? On ne va quand même pas attendre bien sagement que le travail qu'ils nous donnent ne nous tue ?
- Bien des gosses ont essayé. Un seul a réussi je crois, bien qu'il soit surement mort dans la pente qui mène à cette carrière. Les nains l'ont laissé courir quelques mètres avant de sortir leurs fusils et de le canarder comme un lapin. Les autres sont dans la fosse plus loin au sud. J'espère pour toi que tu ne sera jamais de corvée de nettoyage là-bas, l'odeur y est vraiment insupportable et mieux vaut ne pas regarder..."
Ils ne virent pas la silouhette qui s'avançait vers la cage, ni ne l'entendirent. Pour dire vrai, elle ne faisait aucun bruit, ou peut-être celui du vent. La plupart des enfants étaient assoupis et ceux qui étaient restés éveillés étaient trop occupés par leurs blessures pour s'occuper de ce qui se tramait autour d'eux.
Un léger bruit de grattement sur les barreaux fit sursauter Rezaal et les autres. Ils se blottirent au fond de la cage alors qu'une main gantée de blanc, un blanc pur qui transcendait la nuit, passa au travers des lourdes barres d'acier de la cage.

* * *


Muri observait la scène, bien camouflé derrière une grosse pierre. Il avait vu l'énorme nain à la barbe luisante de graisse lancer une bouteille presque aussi grande que lui contre les barreaux d'une sorte de cage où gisaient, appeurés, les enfants Taurens enlevés. Son ami devait aussi être la. Puis cet homme étrange était apparu, alors que les gardes s'endormaient, cet homme habillé de blanc, d'un blanc riche en broderies, d'un blanc trop pur pour être naturel. Il s'était penché sur la cage et Muri avait entendu des petits cris effrayés puis l'homme avait parlé. Il n'avait pas réussi à saisir ses paroles mais les autres enfants écoutaient paisiblement, leurs regards maintenant confiants, presque souriants. Muri vit l'homme poser ses mains sur les barreaux, l'une était gantée de blanc, l'autre... L'autre ne l'était pas. La branche sur laquelle j'ai glissé. Non, ce devait être l'obscurité et la lumière de la Lune qui lui jouait des tours. Cette main... Elle n'avait pas l'air vivante. Elle semblait décomposée, à demi putrefiée. Comme si elle était morte depuis des dizaines d'années. Des lambeaux de chair s'en détachaient par endroit, clin d'oeil à la mort, et remuaient ironiquement au clair de lune. Non, cette main n'était définitivement plus humaine et les autres enfants n'avait pas l'air de le remarquer. Ils semblaient complêtement envoutés. Muri se releva, porta la main à sa bouche.
"Rezaal

* * *


pourquoi ne t'approcherais-tu pas pour m'aider, et tes amis aussi !"
Qui était-donc cet étrange personnage tout vêtu de blanc ? Etait-ce un nain ? Non il était trop grand. Et il ne parlait pas de la même façon. Non ce n'était pas un nain. Etait-il ici pour les libérer ? C'est ce qu'il semblait à première vue. Il n'avait pas l'air bien méchant. Les enfants s'approchèrent. Erreur.
"Bien bien, donnez-vous tous la main. Vous voyez les ballons qui flottent derrière moi ? Nous flottons tous ici, vous verrez." Ils les voyaient effectivement. Ils ne pouvaient d'ailleurs en détacher leur regard. Ballons multicolores. Milliers de petites lucioles flottant dans les airs. Milliers de petits sourires éclairant la nuit.
"Ne faites aucun bruit, vous ne voudriez pas réveiller vos geôliers tout de même ?"
Comme pour appuyer sa déclaration, un nain remua en contrebas, émettant un grognement. Un des petits Taurens sursauta et étouffa un petit cri étranglé. L'homme en blanc tourna la tête vers lui, secoua la tête d'un air qui semblait dire "Je t'avais prévenu pourtant petit."
Le Tauren s'écarta, alla s'écraser contre les barreaux au fond de la cage, les yeux révulsés. Les autres ne bougèrent pas, leur attention toujours fixée sur les ballons. L'autre trassaillait maintenant, comme pris soudain de convulsions incontrôlables. Il leva les mains comme pour s'empêcher de vomir. Un bourdonnement assourdissant, que seul lui pouvait entendre, s'éleva des tréfonds de son corps. Il serra les mâchoires un peu plus, ne pouvant se résoudre à vomir. Et sa gorge explosa de douleur. Une douleur insupportable, comme si on l'avait percée de milliers de fines aiguilles, et cette souffrance se propagea plus bas, redescendant peu à peu jusqu'à son estomac. Il se sentait mourir de l'intérieur, comme aspiré par cette spirale de douleur infernale. Des milliers et des milliers de piqûres, et il commençait maintenant à étouffer.
Il eut le plus grand mal du monde à dénouer ses doigts et quand enfin il y parvint, de sa bouche grand ouverte ne sortit aucun cri, juste ce bourdonnement assourdissant, amplifié par sa gorge brûlante. Rien ne sortit tout d'abord. Absolument rien. Le bourdonnement allait en s'intensifiant. Pourquoi les autres n'entendaient-ils rien ? Les aiguilles remontèrent le long de sa gorge, jusque dans sa bouche et le coeur du petit Tauren s'arrêta brusquement quand ses yeux exorbités virent des centaines d'immondes insectes jaunes et noirs sortir de sa bouche. Des guêpes. Insectes qui s'envolèrent à travers les barreaux pour aller moucheter l'éclat de la Lune.
Les autres n'aperçurent même pas son corps, toujours agité par de violents spasmes, se décomposer, dévoré par d'autres insectes, minuscule armée carnivore.
Tout ce qu'ils voyaient c'était les ballons, et l'homme en blanc en attrapant un. Il le placa entre deux barreaux. Le ballon éclata dans une explosion colorée et scintillante. Les deux barreaux étaient maintenant assez écartés pour laisser passer les Taurens.
"Venez, il est temps de flotter ! Un par un, il y aura de la place pour tout le monde, et surtout pas de bruit, les nains pourraient se réveiller. Les ballons vous attendent, voyez."
Les enfants sortirent donc, en file indienne, leur attention toujours fixée sur la contemplation du nuage de ballons colorés.
Ils étaient tous regroupés autour de l'homme en blanc, ils marchaient ensemble vers ce qu'ils pensaient être leur
(fin)
liberté.
Soudain, un cri dans la nuit.
"Rezaal
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MessageSujet: Re: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitimeVen 19 Oct - 0:31

j'arrive ! Arrête toi ! Ne le suis pas !"
Tous se tournèrent vers lui. Muri vit leurs yeux vides. Fanatiques. Des nains se réveillèrent en sursaut, alertés par les cris. L'homme en blanc se retourna, une expression de surprise peignait son visage. Si on peut appeler ça un visage. Comment les autres enfants n'avaient-ils pas pû voir la langue noire et dégoulinante d'un liquide visqueux qui pendait à la place de la mâchoire inférieure de cet homme ? Il esquissa un sourire grotesque avant de s'évanouir dans la nuit.
"Nous flottons tous ici, et vous flotterez vous aussi."
Les ballons s'éparpillèrent aux quatre vents et les jeunes Taurens reprirent peu à peu conscience de l'endroit où ils étaient. La suite fût chaotique. Les nains, réveillés par tous ces cris se levèrent, furieux, la main à la hache ou au fusil. Muri courru vers Rezaal et lui saisit le bras. Un autre jeune Tauren les suivit dans leur fuite, Maniac qu'il s'appelait. Il avait l'air de bien connaître le camp. Derrière eux ils pouvaient entendre des coups de fusil ou le son affreux d'une hache déchirant les chairs et broyant les os. Les petits Taurens se défendaient tant bien que mal, lançant roches ou piolets, mais ils étaient dispersés et les nains étaient bien plus nombreux et bien plus forts qu'eux. Ils se faisaient hacher menu. Muri, Rezaal et Maniac courraient toujours - rampaient serait un terme plus proche de la réalité - quand ils tombèrent face à un nain plus large que haut, les yeux habités par une lueur de folie sanguinaire. Il portait une lourde hache qu'il souleva au dessus de sa tête. Les trois enfants s'écartèrent précipitemment et la hache vint s'enfoncer dans le sol à côté d'eux. Cette hache était réellement immense, ce qui avait pour effet de la rendre lourde et donc lente à manier. Cependant le nain n'allait pas les laisser s'en tirer à si bon compte, il retira péniblement la hache du sol et lui fit décrire un arc de cercle au niveau des genoux. Muri et Maniac évitèrent la trajectoire d'un petit saut mais Rezaal n'eut pas cette chance. La hache sectionna la première jambe qu'elle rencontra et alla s'enfoncer dans l'autre. Un hurlement de douleur jaillit de la bouche tordue par la souffrance du Tauren alors qu'un flot continu de sang sombre s'échappait de la plaie béante. Le nain contemplait la boucherie, un sourire au coin des lèvres. Muri s'élança vers son ami, mais Maniac lui attrapa le bras et l'entraîna dans la direction opposée, vers la sortie de la carrière.
"Lâche moi ! Lâche moi bordel, faut que j'aille l'aider ! C'est mon ami je vais pas le laisser crever ici !
- Cours tu peux plus rien pour lui, ne le regarde pas ! Si tu vas l'aider tu mourras avec lui. Et ça sera pas joli.
- Bordel !"
Il jeta un dernier coup d'eil en arrière; son regard croisa celui de son ami et il faillit y retourner. Ce regard le suppliait, il était plein d'une douleur et d'une terreur sans fin. Mais Muri se laissa tout de même entraîner à la suite de Maniac. Même s'il réussissait à le chercher, il ne survivrait probablement pas à ses blessures et Muri risquait effectivement d'y laisser sa peau. Merdouille je suis un beau salop.
Muri et Maniac (qu'on appelerait plus tard les M&M's) sortirent de la carrière sans rencontrer d'autres nains, ni aucun autre Tauren d'ailleurs. Tous avaient dû être démembrés ou recapturés. Les deux Taurens s'éloignèrent rapidement avant de s'effondrer, larmoyants, dans l'herbe humide d'une matinée qui se voulait ensoleillée.
Le pire souvenir que Muri garderait de cette nuit-ci ne serait pas les nains, ni son ami se faisant hacher vivant par un fou furieux, non, plutôt cet homme, cette chose, habillée en blanc. Car cette chose n'avait pas essayé de les liberer non, loin de la. Quand les enfants étaient sortis avec elle, et quand Muri avait crié, elle les emmenait vers la forge. Pas vers Mulgore, vers la forge.


* * *


Il avait raté un bon repas ce soir, fichu garçon. Une dizaine de gosses à sa portée, acculés par la peur. Peur qui rendait leur chair succulente. Peur d'enfant, nourrissante.
Tant pis, il se rattraperait. Il y avait beaucoup d'autres peurs à réveiller, beaucoup de nourriture à stimuler. Medivh s'enfonça dans sa tour. Plus d'enfants dans le défilé, dommage. Ils flottaient déjà tous.
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MessageSujet: Re: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitimeVen 19 Oct - 0:34

"Pourriture de communiste !" Kerghan courrait à travers les couloirs du monastère (qui à l'époque n'était pas encore occupé par les fanatiques de la Croisade Écarlate), son professeur de dissection à ses trousses.
"Va te faire voir j'te rendrais pas ma grenouille ! J'peux la vendre pour au moins 50 pa !"
Le petit Kerghan était connu dans tout Tirisfal pour son avidité et sa cupidité légendaire. Il ne savait pas ce qu'était un communiste, mais il les détestait. Il avait été livré à lui-même depuis tout petit, depuis que ses parents l'avaient abandonné après qu'il eut vendu sa petite soeur à un gobelin de passage. "Y a pas d'petit profit" leur avait-il dit, mais ils n'avaient rien voulu entendre et il fût envoyé en pensionnat au monastère. Il avait à peine 5 ans. Kerghan n'était pas un élève particulièrement mauvais, mais son comportement cupide le rendait difficile à vivre, et ce surtout pour ses enseignants.
"Reviens ici tout de suite Kerghan ou tu vas passer ta journée à récurer mes os !" rugit son professeur derrière lui. Récurer des os de communiste ? Jamais. Kerghan accéléra. Le monastère était immense, rempli de petits corridors jalonnés de salles et d'alcôves. Il obliqua et prit à droite. Une main osseuse lui saisit l'épaule et le tira derrière un rideau juste avant que son professeur n'apparaisse à l'angle du couloir qu'il venait d'emprunter. Cette main ferme se plaqua sur sa bouche. Il avala quelques asticots frétillants, ils avaient une odeur douceâtre de fleurs. Le professeur passa en trombe devant lui, sans l'apercevoir. Kerghan poussa un soupir de soulagement et l'étreinte sur sa bouche se relâcha progressivement. Il se retourna.
" Hey moi c'est Magami, ça va ?"
Elle était vraiment jolie.
"Ferme la bouche tu vas finir par baver !"
Ses dents s'entrechoquèrent quand il resserra précipitamment ses mâchoires.
"Euh salut, moi c'est Kerghan, merci de m'avoir aidé ! Tes vers sont délicieux...
- Bah pas de problème je l'aime pas non plus ce prof, il est beau mais je l'aime pas. Toi par contre je te trouve vraiment très moche, mais si tu veux il y a moyen..."
Encore une communiste. Elle voulait le soudoyer, c'était sûr. Il était grand temps de s'éclipser.
"Bon euh, encore merci, mais là faut que j'y aille, j'ai pas encore nettoyé mes vertèbres, désolé.
- Rho mais non viens te reposer dans ma chambre, deux amies y sont déjà. Elles sont sympa tu verras."
Il ne pouvait pas résister à ce sourire. Impossible. Il se laissa donc entraîner, se demandant encore dans quel pétrin il avait réussi à se fourrer cette fois.
La chambre était petite et coquette. Une chambre de fille quoi. Pas vraiment une chambre de communiste, pour sûr. Deux jeunes réprouvées discutaient tranquillement sur le lit.
"J'te présente Akinae et Daenerys, ce sont de bonnes amies.
- Sombrejour.
- Enchanté.
- B'jour.
- Enchanté."
Après ces interminables présentations, Les quatre réprouvés s'assirent sur le sol et bavardèrent des profs, des cours, de la prochaine interrogation. Discutions presque studieuses en somme si ce n'est qu'en parlant ils s'imaginaient les pires coups tordus pour rendre fous leurs instituteurs. Et ils avaient beaucoup d'imagination.
Ils étaient tous d'accord sur un point, ils devaient punir le prof de dissection, ou tout du moins lui faire une frousse bleue. Oh oh oui il allait avoir la peur de sa vie, et ce aujourd'hui même. Magami et les autres établirent un plan d'action simple : ils devaient masquer leur visage, attraper leur prof, l'emmener des les sous-sols, et la et bien, ils aviseraient. Ils avaient entendu parler d'histoires assez effrayantes sur ces souterrains. Le monastère était une prison avant, où les criminels les plus immondes été enfermés - ce qui expliquait le nombre impressionnant de pièces - et torturés. Peut-être resterait-il quelques instruments de supplice en bas. Peut-être que la peur de leur prof allait dépasser le simple sentiment. Peut-être qu'ils lui feraient payer physiquement.
Magami s'approcha d'un tiroir au dessus duquel était disposée une important collection de vieux bâtons. Elle l'ouvrit et en sortit quatre bas de laine noire. Ils y découpèrent des trous au niveau des yeux et de la bouche. Leur camouflage était prêt. Ne restait plus maintenant qu'à sortir discrètement et aller cueillir leur professeur.
Ils se dirigèrent, Daenerys en tête de file, vers la salle de dissection.
Leur professeur était bien la, en train de ranger le matériel. Ils pénétrèrent silencieusement dans la salle de classe. Le professeur ne les entendit même pas approcher et s'effondra au sol quand Kerghan lui asséna un coup sec dans la nuque. Magami et Akinae se chargèrent de mettre le pauvre bougre dans un sac de toile grise tandis que Kerghan et Daenerys montaient la garde. Le vieux professeur n'était plus bien lourd, ses os étaient probablement creux et il ne restait plus grand chose de solide en lui, et les quatre enfants n'eurent aucun mal à porter le sac jusque dans les souterrains. Aucun d'eux n'avait jamais vraiment exploré cette partie du monastère, l'humidité n'étant pas bonne pour les articulations, et ils hésitèrent en voyant les longs et sombres couloirs qui se déroulaient tout autour d'eux ainsi que les centaines de portes jalonnant ceux-ci. Les parois étaient formées de roches noires, luisantes d'humidité, et dégageaient une odeur de vieux rat mort. Très vieux. Ils avançaient lentement, redoutant de déraper sur le sol glissant. Au bout d'un des couloirs, ils tombèrent face à une porte immense en bois, cerclée de lourds panneaux en fer forgé noir. Elle avait l'air lourde, et pourtant très fragile. Le bois craquait, abîmé par l'humidité et l'âge, et pourtant quand ils essayèrent de l'ouvrir, elle ne bougea pas d'un pouce. Ils se regardèrent, déposèrent leur fardeau sur le côté et foncèrent tous les quatre sur la porte. Elle ne s'ouvrit pas, mais le bois grinça de plus belle. Leurs épaules étaient douloureuses, mais ils continuèrent à marteler la porte, arrachant par endroit des pans de bois, motivés par les mystères qui se cachaient à coup sur derrière cette porte.
"Allez, à trois, tous ensemble." C'était Akinae.
"1...2...
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MessageSujet: Re: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitimeVen 19 Oct - 0:35

...3 !" Medivh attendait patiemment dans la vaste salle. Dix bonnes minutes qu'il les entendait s'acharner sur la grosse porte. Très bien, fatigués ils auraient encore plus peur. La porte commençait à céder sous les assauts des quatre réprouvés, le moment approchait. Encore une ou deux charges et le spectacle pourrait commencer. Longtemps qu'il n'avait pas mangé, il comptait bien ce rattraper au plus vite. La lourde porte craqua, se plia

* * *


et éclata. Les quatre jeunes réprouvés, emportés par leur élan, se retrouvèrent le nez collé au sol de la grande salle, derrière la désormais défunte porte. Leur professeur était toujours de l'autre côté. Ils se relevèrent lentement, les os endoloris et examinèrent l'immense pièce qu'ils avaient eu tant de mal à atteindre. La salle était circulaire, de plusieurs dizaines mètres de diamètre et de sept ou huit mètres de plafond. Ce qui les frappa tout d'abord était la différence par rapport au corridor qu'ils venaient de quitter. La salle était propre, comme si elle avait été entretenue. Le sol était composé de carreaux clair et brillants, pas d'humidité cette fois ci, comme s'ils venaient d'être briqués et les murs étaient recouverts par de majestueuses tapisseries brodées d'or et d'argent, représentant de grandes batailles menées jadis, ou d'illustres personnages ayant laissé une trace dans l'histoire. Le plafond était recouvert d'une fresque, véritable oeuvre d'art accrochée au ciel, somptueuse illustration d'un duel entre un homme et un orc, parfaite représentation de l'ardeur et de la violence d'un combat. Les réprouvés restèrent bouche bée, le visage tourné vers le plafond, pendant de longues minutes. Ils avaient complètement oublié ce pourquoi ils en étaient arrivés à descendre dans les sous-sols. Ils baissèrent les yeux et commencèrent à examiner le contenu de la salle. Au centre, sur le sol, était peint un symbole étrange que les enfants ne reconnurent pas. Tout autour, à la périphérie de la salle, se dressaient, comme des fantômes venant d'un ancien temps, de vieilles machines de torture. Complètement rouillées, d'autant plus dangereuses qu'elles pouvaient se retourner contre le bourreau. Plus utilisées depuis trop longtemps. Beaucoup trop risquées. Dommage.
Ils n'aperçurent l'immense trône qu'après avoir examiné les machines infernales. Un trône digne des plus grands palais, qui paraissait sculpté dans l'ivoire et l'or. Deux dragons ornaient les accoudoirs richement sertis, leurs yeux de rubis scintillaient d'une lueur malfaisante. Et sur ce fauteuil royal était assis une personne, d'apparence humaine, toute vêtue de blanc. Ses mains gantées semblaient caresser la tête des dragons. Il avait le visage baissé sur sa poitrine, ses cheveux sombres tombant devant sa figure. Il pouvait tout aussi bien
(observer)
dormir, ou être mort.
"Bienvenue mes enfants !" La voix enjouée semblait provenir de partout à la fois, l’écho se répétant indéfiniment sur les hauts murs de la salle. La voix avait un air enjoué, comme si elle racontait une bonne plaisanterie. C’était l’homme qui avait dû parler car les quatre réprouvés ne voyaient personne d’autre. Pourquoi cet homme était-il là ? Les attendait-il ?
"Approchez vous petits, je veux que vous soyez aux premières loges pour assister au spectacle. Unique représentation, une chance. Ce soir se joue le spectacle le plus terrifiant que vous ayez jamais vu. Et vous en êtes les acteurs. Que le spectacle commence !"
Les réprouvés se regardèrent, surpris.
"C’est qui ce guignol habillé tout en blanc ? Et c’est quoi sa connerie de spectacle ? Y a rien à part de vieux engins crasseux ici, il veut qu’on danse ou quoi ?" Daenerys semblait inquiète.
"Tant qu’il nous paye à la limite ça me dérange pas moi, surtout si c’est avec Magami.
- Han ! La ferme Kerghan avec ton argent. Par contre pour la danse, mmh, ben ouais pourquoi pas…
- Ouais et puis on pourrait aussi jongler hein les idiots, on a vraiment que ça à faire en plus. J’serais plutôt pour qu’on se tire d’ici fissa moi, il a pas l’air net ce type.
- Akinae n’a pas tort, j’suis pas rassurée non plus.
- Cassos, une autre fois la danse Kerghan !"
Ils tournèrent les talons, marchant d’un pas rapide vers l’ancienne porte en bois. Claquement de doigt. Tissu froissé.
"Allons, allons vous n’allez pas me quitter déjà, ça n’a pas même encore commencé."
Les enfants pressèrent le pas. Ils étaient presque sortis quand une immense herse s’abattit et leur barra le passage. Bien trop lourde pour être soulevée. Ils étaient coincés comme des rats.
Ils se retournèrent pour faire face à l’homme, toujours assis le visage penché sur la poitrine. Il se leva et avança vers eux, d’une démarche lancinante, chacun de ses pas manquant de l’envoyer s’étaler sur le sol brillant de la salle. Il s’arrêta, au bout de ce qui parut une éternité, au milieu de la pièce. Il releva lentement la tête, retirant peu à peu les cheveux qui masquaient son visage. Une mâchoire en moins. Cela ne choqua pas les quatre réprouvés, beaucoup des leurs étaient dans le même état et parfois pire en Tirisfal. Ce qui les effraya,ce fût ses yeux. Des yeux d’un gris profond, Des yeux qui transpiraient la malveillance et la haine, ainsi qu’un désir puissant, envie malsaine. Non ces yeux n’étaient définitivement pas ceux d’un quelconque forain. Ils tranchaient tant avec la sonorité de sa voix, si chaleureuse bien qu’animée d’une lueur de folie.
La peur gagna les réprouvés. Cette chose ne voulait pas les faire danser. Du moins pas une danse habituelle. Danse avec la mort. Cette pensée leur parvint au même moment, alors que l’homme avançait vers eux. Et l’horreur commença.
Sous leurs yeux, l’homme se transforma.

* * *


Kerghan vit un rat, énorme rat, à la place de l’homme. Rat immonde au pelage blanc et lustré qui le fixait, avançant toujours vers lui. Le bruit de ses griffes sur les dalles avait quelque chose d’irréel, comme si ce son provenait de son propre esprit, et pourtant il continuait à marcher vers lui, inexorablement. Kerghan détestait les rats. Bestioles chapardeuses, carnivores. Ils portaient la peste, une mauvaise peste qui pouvait tout saccager, même un réprouvé. Pétrifié il tourna lentement la tête pour regarder ses amies. Elles n’avaient pas l’air plus rassurées. Il devait leur montrer qu’il n’était pas un trouillard et qu’il allait les sortir de la. Le regard rouge et maléfique était toujours posé sur lui. Il s’élança.

* * *


Magami voulut ouvrir la bouche mais ses mâchoires refusaient de bouger ne serait-ce que d’un centimètre. Sous ses yeux, l’homme en blanc s’était transformé en un chien. Un chien terrifiant. Dans son pelage blanc, elle apercevait des blessures sanglantes, amas de chairs et d’os broyés, desquelles suintait un liquide jaunâtre, qui s’écoulait lentement le long de ses poils. Des crocs de la longueur d’une main dépassaient de sa gueule féroce. Des nuages d’écume pourpre bouillonnaient aux commissures de ses mâchoires. Ce monstre avait probablement la rage et il semblait affamé. Magami, tas d’os, face à un chien enragé et affamé de près de dix fois son poids et au moins deux fois sa taille. Les muscles de sa gorge et de sa bouche se relâchèrent brusquement. Toujours ces yeux, gris, froids. Elle hurla.

* * *


Les genoux d’Akinae se dérobèrent sous elle quand elle aperçut ce que l’homme était devenu. Il sembla onduler sur lui-même, comme si tous les muscles de son corps s’étaient brusquement arrêtés de fonctionner. Il s’effondra au sol alors qu’il devenait poussière. Mais son regard restait inchangé. Le tas de sable et de poussière remua, ou plutôt tourbillonna , formant des volutes de fines particules blanches qui se déplaçaient comme entraînées par le vent vers Akinae. Toute cette poussière, tout ce sable. Longtemps qu’Akinae n’accompagnait plus ses amies observer les murlocs sur la plage; le bruit du sable crissant entre ses os et la sensation qui l’accompagnait n’était pas supportable, elle se sentait mourir, comme si les particules lui limaient peu à peu les os. Et maintenant cela, cette tornade de sable et de poussières qui flottait vers elle pour l’envelopper de son souffle mortel. A genoux, les mains devant les yeux, elle commença à sangloter, les larmes s’échappant de son corps sans aucune retenue.

* * *


Daenerys eut le souffle coupé. Devant elle ne se dressait plus l’homme vêtu de blanc mais des milliers d‘insectes. Des termites. Des termites grandes comme des doigts. Elle se recroquevilla de peur, tentant tant bien que mal de cacher ses os à nu. Ces bestioles ne pouvaient être la que pour une chose : leur dévorer les os, les faire disparaître complètement. Le bourdonnement était assourdissant, amplifié par les dimensions de la salle. Ils allaient être dévorés vivants. Les termites n’avaient pas bougé depuis leur apparition, mais elles commençaient maintenant à se rapprocher lentement, comme déjà savourant leur repas. Pris au piège, comme des rats. Aucun moyen de s’en sortir. Les machines de tortures semblaient danser ironiquement, leurs membres mécaniques s’agitant comme dans un rituel funèbre. Daenerys ferma les yeux. Daenerys attendit sa fin.

* * *


Le professeur de dissection s’était réveillé avec un mal de crâne abominable. Il se dégageait péniblement du sac en toile quand il entendit des cris familiers. C’était la voix de certains de ses élèves. Mais pouvait-il donc bien se trouver ? Une lourde herse le séparait d’une grande salle richement décorée où il aperçut les enfants. Ce n’était pas ses meilleurs élèves mais de loin les plus turbulents. Enfances difficiles lui avait-on dit. Ils semblaient tous horrifiés, certains pleuraient, d’autres étaient totalement immobiles, figés par la peur. Un homme habillé de blanc s’avançait vers eux. Était-ce lui qu’ils craignaient ? D’ailleurs, qui était-ce ? Un autre professeur ? Il ne pouvait pas distinguait son visage à la distance à laquelle il se trouvait. Tant mieux, qu’il leur fasse donc peur, cela les calmerait peut-être pour un certain temps.
Cependant quelque chose dans l’attitude du l’homme effrayait le professeur. Il ne semblait pas seulement vouloir les effrayer. Et les réprouvés n’étaient pas si peureux, ils étaient plutôt de nature aguerrie d’habitude. Tout ça ne collait absolument pas. Et pourquoi étaient-ils enfermés la dedans ? Il continua à observer, des sueurs froides lui parcourant l’échine.

* * *


Medivh n’avait pas conscience de la présence de l’homme derrière la grille. Maintenir quatre illusions aussi précises demandait une importante dose de concentration et d’énergie. Illusions. Pas vraiment en fait, elles pouvaient tuer. C’était lui-même qui se transformait. Il connaissait les peurs des enfants devant lui, cela lui facilitait les choses. Un bien bon repas, ils étaient terrifiés. Danse avec la mort. La rat émit un petit couinement, le chien se lécha les babines, les termites bourdonnèrent de plus belle, le sable tourbillonna plus haut. Il était temps de se mettre à table. Avant qu’ils meurent de peur.
Le garçon bougea. Surpris, Medivh le vit
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Brascir

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MessageSujet: Re: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitimeVen 19 Oct - 0:36

s’élancer à corps perdu vers le rat. Kerghan vit une lueur fugitive de surprise, et peut-être d’hésitation dans les yeux de la bête. Il prit un peu plus de vitesse. Il avait l’intime conviction qu’en affrontant sa peur il pourrait tuer ce rat, ou du moins le faire disparaître. Kerghan n’était plus qu’à quelques mètres du rat, bien trop proche à son goût, et il pouvait à présent sentir l’odeur de mort que dégageait la créature. Une odeur de chair pourrie si forte qu’il fut pris de vertiges. Il faillit s’arrêter pour vomir, mais cela aurait probablement laissé le temps au rat de dévorer la courte distance qui les séparait encore, et il continua, suffoquant à présent. Ils étaient maintenant face à face, la puanteur enveloppant Kerghan, il sentait son corps se souiller, ses pores absorbant les effluves nauséabondes. La surprise avait totalement disparu du regard de la créature, à la place Kerghan observait maintenant une note d’amusement malsain dans ses yeux rouges. Tu flotteras. Le rat se rua sur le jeune réprouvé. Kerghan se replia sur lui-même et les dents aiguisées qui lui auraient ouvert la gorge aussi efficacement qu’un couteau lui effleurèrent l’oreille. L’haleine fétide du rat s’ajouta à sa puanteur extérieure et Kerghan déglutit difficilement. Une patte griffue, mortelle, plongeait vers son ventre. Il esquissa un pas sur le côté. Trop court. Trois griffes de la taille de gros doigts s’enfoncèrent profondément dans son
(âme)
corps, un peu en dessous de son poumon. Il sentit toute la corruption et la souillure du monde s’insinuer en lui, comme un flot envahissant peu à peu son être, détruisant sa conscience, saccageant son âme d’enfant. Kerghan leva le visage vers le rat. Il semblait rire. La créature retira lentement sa patte du petit corps. Flotte maintenant. Du sang gicla, inondant le robe blanche du rat. Kerghan, accablé par la douleur, tourna la tête vers ses amis. Ils étaient toujours immobiles, mais leurs regards suppliants semblaient l’implorer de détruire la bête, de les libérer de leur souffrance. Ses yeux rencontrèrent ceux de Magami. Elle était confiante, elle croyait en lui. Cela le revigora. Il serra le poing et l’envoya vers le dos du rat. Il était empli d’une énergie nouvelle, une puissance dévastatrice, mêlée à son sang, parcourait son corps tout entier, amplifiant ses sens, décuplant sa force. Le rat semblait encore plus horrible à présent, et l’odeur de loin irrespirable. Il pouvait cependant en faire abstraction et son poing, animé par cette nouvelle force s’enfonça dans le dos du rat. La colonne vertébrale de la créature lui lacérait la main. Elle baignait à présent dans un liquide noirâtre. Il retira vivement le poing du dos du rat. Celui-ci se tordait de douleur, poussant des gémissements inarticulés et sauvages et, sous ses yeux, il devint flou comme une image qui se brouille pour enfin disparaître et laisser place à l’homme en blanc. Dans son regard gris on pouvait voir la surprise mêlée à la peur. Il s’éloigna de Kerghan. Il l’avait blessé, et ainsi fait disparaître le rat, mais aussi le chien, le sable et l’essaim de termites. Kerghan s’effondra. Sa blessure. Il l’avait oublié. Des tâches sombres dansaient gaiement devant ses yeux. Tout devint noir.

* * *


Les trois amies virent leur peur disparaître en même temps que les monstres auxquels elles faisaient face. L’homme en blanc s’éloignait de Kerghan en titubant. Il semblait blessé. Il atteignit le trône majestueux, le contourna et disparût derrière le haut dossier. Leurs regards retournèrent vers Kerghan, il était
(mort)
étendu par terre. Elles avaient observé le même combat, sans rien pouvoir faire, et pourtant elles n’avaient pas vu la même chose. Daenerys voyait Kerghan se faire dévorer vivant par des milliers de termites tandis qu’Akinae constatait, horrifiée, que des nuages de sable s’enfoncaient dans sa bouche et que Magami observait les mâchoires puissantes du chien se refermer sur son ami.
D’un même mouvement elles rejoignirent le corps allongé de Kerghan. Il était encore plus pâle qu’à l’habitude. Il y avait beaucoup de sang autour de lui, le sien, rouge sombre, et celui de l’homme, noir comme de l’encre. Il respirait très faiblement. Trois plaies refoulant le peu de sang qui restait dans son corps. Magami plaqua ses deux mains sur le flanc de Kerghan, diminuant peu à peu l’hémorragie, ou peut-être n’y avait-il plus de sang à expulser.

* * *


Kerghan se sentait bien, anesthésié par sa propre souffrance. Cependant il se savait faible, extrêmement vulnérable. Des mains se posèrent sur ses plaies. L’homme était revenu finir le travail. Chaudes. Non ce ne pouvait être ses mains. Ses amies peut-être. Ou les avait-il tuées ? Une main réconfortante serra la sienne. La souillure commençait à s’estomper mais, il le savait, ne disparaîtrait jamais entièrement. Il s’évanouit à nouveau.

* * *


Un bruit sourd se fit entendre et les trois fille se retournèrent, les mains de Magami faisant toujours pression sur la blessure. Leur professeur était la, d’autres personnes l’accompagnaient. Deux gobelins actionnaient une étrange machine qui soulevait, centimètre après centimètre, la lourde grille en fer. Elles poussèrent un soupir de soulagement, de l’aide, enfin. Des elfes de sang en blouse blanche s’approchèrent à pas rapides de Kerghan, repoussant doucement les jeunes réprouvées de côté pour tenter de sauver leur ami. Leur professeur leur raconterait plus tard qu’il était parti chercher de l’aide quand l’homme en blanc avait enfoncé sa main gantée dans Kerghan et qu’un flot continu du sang avait jailli.
Après quelques minutes qui parurent interminables, les elfes emmenèrent Kerghan sur une civière. Bilan peu joyeux. Chances de survie ? Oui. Besoin de beaucoup de repos. Ils les félicitèrent pour leur sang-froid et s’en allèrent d’un pas rapide.

* * *


Medivh était affalé contre le dossier. Comment ce garçon avait-il pu lui infliger cette blessure ? Il avait senti qu’une grande puissance naissait en lui, certes, il aurait dû se méfier. Il ne pouvait pas rester ici, les élancements de douleur et le sang qui coulait le long de son dos n’étaient pas une illusion. Il ferma les yeux. Comment ? Il devait leur laisser un souvenir avant de rentrer mais il fallait faire vite s’il ne tenait pas à mourir stupidement ici.
Un grand corbeau survola Tirisfal à la vitesse du vent, son cri perçant faisant pleurer les bébés et hurler les animaux. Une pluie noire et visqueuse, très dense, s’abattit sur la région. Tout ce qui n’était pas déjà mort se mit subitement à pourrir. Le corbeau était blanc. Immaculé.

* * *


Kerghan ouvrit lentement les yeux et la lumière le brûla. Près de quatre jours qu’il était perdu dans un monde de cauchemars. Poursuivi jusque dans ses rêves par la mort, mort qui ne voulait pas le laisser repartir. Il referma brutalement les yeux, craignant de devenir aveugle.
"Il a ouvert les yeux !"
Magami.
"Réveille toi vieille branche ou tu vas finir fossilisé dans ce lit."
Akinae probablement. Il souleva lentement ses paupières. Elles étaient là toutes les trois et semblaient tout aussi fatiguées qu’il l’était. Elles avaient dû veiller sur lui tout ce temps.
Il esquissa un mouvement pour se relever et émit un cri étouffé. La douleur dans son flanc le cloua au lit. Il eut un sourire d’excuse contrit pour ses amies. Elles lui rendirent son sourire. Il était bel et bien en vie, mais ça n’était pas passé loin, il en était sûr. Son regard se tourna vers la fenêtre, le soleil ne brillait pas, comme toujours en Tirisfal.
Ce qu’il vit lui donnerait des cauchemars pendant quelques jours supplémentaires. Une multitude de ballons colorés s’élevait lentement. Sur ces ballons étaient marqués à l’encre de sang, son sang il en avait la certitude, leurs noms à tous les quatre. Les réprouvées virent son regard figé par l’horreur et se retournèrent vivement vers la fenêtre. Daenerys laissa échapper un petit cri de surprise et de peur. Les ballons éclatèrent, lentement, un par un, leurs noms déchirés par les explosions, l’encre encore liquide éclaboussant les vitres. Il n’oublierait pas. Il lui avait fait bien trop mal pour qu’il oublie.

* * *


Agonisant dans sa tour, il n’oublia pas.
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Roméo

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MessageSujet: Re: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitimeVen 19 Oct - 13:46

ça flood ici lol^^
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MessageSujet: Re: Avant que l'ombre.   Avant que l'ombre. Icon_minitime

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Avant que l'ombre.
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